Arno
Paris non tenu !

 

Dès la première tentative en 2014 (pour mes 40ans : voir première bafouille), on s’était dit avec Mike que l’on rempilerait pour une autre édition du Marathon de Paris, 2 ans plus tard pour ses 40ans à lui. Pas les 40ans de Mike, il est plus vieux que ça le lapin, nan, ce sont les 40ans du Marathon de Paris ! Mais c'est aussi l'année de mes 42ans, comme le nombre de kilomètres à parcourir. Bon, vous l'aurez compris n'importe quoi comme "excuse" pour recommencer.

Alors on s’est concocté un plan d'entraînement bien costaud commencé dès mi-janvier. Le début ne fût pas vraiment simple, moi ayant une baisse de forme générale assez balèze, et Mike, une blessure au tendon. Alors, le premier mois a été bien compliqué mais à deux, c’est plus facile et on en est venu à bout. Après cure de vitamines pour l'un et kiné pour l'autre, la forme est revenue et les objectifs des séances parfaitement respectés, voire mieux encore.

Pour ma part, j’étais prêt même si je jugeais déjà que le plan n’avait pas, à mon avis, assez de séances longues. Ca a son importance, vous allez voir plus bas. Mais j’ai réussi à tenir les objectifs intermédiaires comme le semi-marathon de Laval (2h04) et l’Ekiden (5km, 24’03). Contrairement à d’habitude ou il est dur les derniers 15 jours de tenir les séances, mon plan a été réalisé jusqu’au bout, sans bobo, je me sentais prêt et en forme.

 

Alors, avec Alain et Mike, notre petite délégation de Fou part direction Paris dès le vendredi soir afin d’aller au salon du running le plus tôt possible le samedi afin de ne pas avoir la foule et consacrer l’après-midi au repos des gambettes. On aura déambulé plus de 2h00 dans le salon tout de même, pas bien pour les jambes. Dossard en poche, ou plutôt en sac à dos, offert cette année en lot, nous nous offrons même un petit repas « plaisir » sur les Champs-Elysées. Retour hôtel et glandage dans la chambre ou au bar (sans consommer !!!). Repas léger (on aura abusé du buffet dessert la veille et on ne renouvellera pas « l’exploit » en ce samedi soir) et dodo pas trop tard.

Réveil 6h30 et habillage rapide, la tenue de compète ayant été préparée la veille. Je décide de partir léger, il annonce chaud. Et je ne me charge pas non plus car il y a ravitaillement tous les 5km, pas de gourde sur moi donc. Bus et métro et nous revoilà à l’Arc de Triomphe repéré la veille. Il faudra descendre tout en bas de l’avenue Foch pour rentrer par la ligne d’arrivée vers la zone de consigne. Remonter ensuite vers l’Arc de Triomphe pour …. redescendre les Champs-Elysées vers le sas de départ. Tout ça en engloutissant une boisson d’attente et un gâteau sport. Ce sera notre échauffement.

En grand champion qu’on est, on a pris le sas 3h30 ! Loin de l’objectif car c’est  plutôt 4h40 que je vais essayer de tenir avec en tête le moins de 5h00. Je me suis d’ailleurs fait faire au stand Asics un petit bracelet permettant d’avoir les temps intermédiaire tous les 5km. Pratique quand vient un moment où on ne sait plus du tout compter et que l'esprit divague dans tous les sens. Juste avant de rentrer dans le sas, mon cousin Ludo arrive à me retrouver et on se souhaite bonne course. Il est dans le sas derrière, le 3h45, mais lui, c’est vraiment son objectif !

 

Déjà ce qui me rassure en voyant le profil des coureurs autour de nous, c’est que pas mal de personne on notre gabarit et ont dû faire comme nous, choisir ce sas pour partir plus tôt. Et effectivement nous passons la ligne de départ autour de 9h15 (Soit 1h00 plus tôt qu’il y a 2 ans lorsqu’on était dans le sas 4h30).

Top départ sous la musique des Chariots de feu de Vangelis et c’est parti.

Pour quelques mètres car fidèle à une tradition que je me suis fixé, je dévie très vite sur la gauche pour laisser mon empreinte le long d’un buisson sur les Champs-Elysées ! Satanée boisson d’attente. Avec Mike, on prend tout de suite le tempo du 4h40, soit courir à 9km/h. Et on est sacrément à l’aise car on va discuter un moment tout en courant.

C’est ensuite défilé de monuments magnifiques. Paris est vraiment une ville impressionnante avec ce côté historique. Concorde, Tuileries, Le Louvre, Hôtel de Ville, puis place de la Bastille. Nous sommes au 5ième km, je dévie pour prendre une bouteille d’eau, il fait déjà très chaud. Nous passons le tapis en 33’10 soit en avance d’une minute par rapport à l’objectif.

Direction ensuite Vincennes, son zoo, son bois et son château. 10ième km passé en 1h03, plus de 2min d’avance sur l’horaire. C’est normal il y a eu quelques parties descendantes. Le gros de la vague des 3h45 a déjà commencé à nous doubler depuis un moment et tout d’un coup, petite tape sur les fesses, mon cousin Ludo nous dépasse. Il est avec le meneur d’allure du 3h45. Encore encouragements et il file vers son objectif.

Cette partie est très sympa mais aussi très longue, presque 10km dans Vincennes. Passage du 15ième en 1h39 (avance de presque 4min maintenant). Je suis plutôt pas mal physiquement pour l’instant. Je croise l’ami Jérôme, qui marche sur le bas-côté. C’est un peu le hasard de l’apercevoir et on s’encourage. Il ne semble pas bien et j’apprendrais plus tard qu’il abandonnera peu après.

Puis nous ressortons de Vincennes au niveau de la Foire du Trône au km19. Le 20ième est passé en 2h08 mais je commence à peiner un peu, la chaleur n’arrangeant rien. Pourtant, je bois ma petite bouteille d’eau durant les 5km qui séparent chaque ravito. Là, au 20ième, je mange aussi : le coup de mou arrive, je le sens. Mike prend un peu d’avance mais ralenti pour m’attendre. C’est la cohue aux ravitos, il faut jouer des coudes pour avoir une place près des tables et chopper l’eau et le miam. On y perd facilement une trentaine de secondes, sans compter la relance qu'il faut faire après.

Passage du semi en 2h16, j’ai toujours 3min d’avance sur l’objectif mais j’ai déjà perdu un peu de cette avance. C’est beaucoup moins bien pour moi. C’est là que je comprends le manque de séances longues dans le plan d’entraînement. Je me sens moins bien physiquement que le semi de Laval pourtant beaucoup plus dur par son dénivelé et je n'ai fait que la moitié du défi. Alors, irrémédiablement, je décroche et Mike file devant. A partir d’ici, nous ne nous reverrons qu’à l’arrivée.

Je passe le 25ième km en 2h46. J’ai 20s de retard désormais sur l’objectif 4h40. En même temps, j’en suis heureux, j’aurais réussi à le tenir au moins sur 25km, et en même temps, je sens que ça va devenir dur désormais et que l’objectif va s’éloigner petit à petit. D’autant plus que désormais nous sommes sur la portion des quais, en plein cagnard. Et vers le 26ième, je me mets à marcher pour la première fois. Il y a une foule extraordinaire qui nous encourage, c’est noir de monde. Alors, à la faveur des « allez Arno » « c’est bien » «  ne lâche pas » . Je me remets à courir sur certaines portions. Mais c’est difficile, les jambes se raidissent de plus en plus. Pas d’alerte de crampes, c’est déjà ça, je m’hydrate bien. Je décide alors d’utiliser mon premier joker, un gel coup de fouet pour me remettre un peu dans le bain. Il aura peu d 'effet, je suis en plein dans mon mur.

Les quais, c’est long, très long et malgré la foule et les encouragements, ça devient difficile pour moi. En plus, c’est la partie ou les différents passages de tunnels font qu’il y a quelques côtes à grimper. Oh certes, ce n’est pas très long, ce n’est pas du trail, mais ça fait mal aux jambes quand même. Heureusement quelques passages à l’ombre comme ce grand tunnel  du Louvre ou cette année, l’animation fait dans la zénitude. Musique zen, photos zen et effluves d’huiles essentielles. C’est sympa !

Puis, près du Trocadéro et donc de la grande dame de fer nous passons le mur du trentième. Mon chrono affiche 3h29. Ca y’est, je ne suis plus dedans, j’ai déjà 10minutes de retard sur l’objectif. Peu après, une dame traverse devant moi sans regarder et je me plafonne dans elle ! Ces parisiens !!!

Puis vers le 32ième nous quittons (enfin !) les quais. Mais là, c’est une partie que je n’aime pas du tout car je la trouve interminable, c’est le tour de Roland Garros. Il n'y a pas vraiment d'attrait pour les mirettes, mais heureusement, encore beaucoup de spectateurs. Le tour presque fini, je passe le 35ième en 4h14.

Le 35ième, c’est un passage clé : le mur et ses effets dévastateurs (moral et physique !) est terminé, le mental reprend légèrement le dessus car on sait qu’à ce niveau on est finisher, il ne reste plus que 7km. Mais en même temps si on a subit ce mur, comme moi encore une fois, on sait aussi que l’objectif s’est envolé. Au 35ième, j’ai 22 minutes de retard. Je sais aussi que le moins de 5h00 espéré est désormais hors d’atteinte. On reprend donc espoir car on va terminer mais on est déjà déçu car le chrono final ne sera pas celui voulu.

Après Roland Garros, on dévie vers l’Hippodrome d’Auteuil qu’on longe entièrement puis on rentre dans le bois de Boulogne. Ne croyez pas qu’on va enfin avoir l’ombre des arbres. Nous passons dans de très larges allées, il n’y a pas d’ombre et il fait toujours et encore plus chaud. Plusieurs fois déjà des ambulances ont évacué des personnes. Il y a des gens arrêtés partout sur les bords et beaucoup marchent. Pourtant toute la fin du parcours est en légère descente. Je n’ai plus de force pour courir. Je fais du fractionné lent. Je marche puis trottine sur quelques centaines de mètre puis remarche puis …. Je n’ai pas vraiment de douleurs particulières pourtant. Pas de crampes du tout c’est déjà ça. Juste des jambes qui deviennent raides comme pas possible et certainement encore un mental pas assez affuté.

Je passe le 40ième en 4h58, 32 minutes de retard maintenant sur l’objectif. Pour les moins de 5h00, c’est bien mort aussi. Je suis dépité, je suis parti pour refaire le même chrono qu’il y a 2 ans. Je n’ai plus d’envie du tout. Puis après un faux-plat montant qui fait mal, nous passons le 41ième et là déclic, je me dis qu’il faut que je fasse le dernier en courant. Et c’est parti ! Ce n’est pas bien vite mais je sers les dents. Je n’en peux plus mais je trottine et je dépasse même quelques coureurs. (En fait, après vérification du Gps, le dernier kilomètres sera fait à 10km/h, comme quoi il m'en restait, pourquoi je n'ai pas utilisé ces forces avant !?) 

Le tour de la place Dauphine, ou je vois d’ailleurs un gars allongé avec les secours autour de lui, à 300m du bol de sangria ! merde !, et derniers mètres pour passer la ligne. 5h15.

Chrono encore pourri mais les larmes arrivent.

On s’est donné rendez-vous à la sortie F (comme Fou). Il faut que je remonte toute l’avenue désormais. Je suis comme un zombie, vidé. Je prends ravito. Je bois cul-sec une bouteille d’eau. Puis passage pour t-shirt finisher, médaille et félicitation. Je suis complètement à la masse, un mec me stoppe et me demande même si ça va. Ce sera mon cousin Ludo qui me fera signe que je suis arrivé au F ! Je crois que s’il n’avait pas été là, j’aurais continué à marcher je ne sais ou …

Les copains sont là aussi. Comme moi ils ont tous eu le quart d’heure mayennais de trop sur l’objectif. Ludo avec 4h00, Alain avec 4h45, Mike avec 5h04 et moi avec mon 5h15 ! On se félicite quand même, on est finisher après tout. Pas comme on voulait, mais finisher, c'est important, un marathon, ce n'est pas non plus une course anodine.

 

Ce marathon qui clos plus de 10 semaines de préparation intensive est fini. Maintenant, c’est repos de 15j obligatoire. Je viens de passer le premier cap des objectifs de l’année sportive que je me suis fixé. Le prochain sera mi-juin avec un trail de 45km dans le Cantal (UTPMA) puis en Octobre avec  l’envie de tester les 62km de l’Intégrale des Causses (Templiers) . Pour moi, le marathon, c’est fini pour un moment. Je ne dis pas que je n’en referais pas un jour mais clairement, ce n’est pas mon truc. J’en chie plus en 5h00 de course sur du bitume que 7h00 en pleine Nature. Cependant, pour tout runner, il faut essayer, et particulièrement celui de Paris avec cette ambiance et ce gigantisme incroyable.

Je voudrais aussi adresser mes félicitations à Nathalie qui a rempli son objectif de 5h30 pour son premier marathon !

3 jours après, même plus trop mal aux jambes, c’est plutôt positifs donc. Il m’aura manqué un peu de séances longues et quelques degrés en moins pour approcher les 5h00.

M’enfin, je retiendrais surtout qu’on s’est fait « plaisir » et c’est le plus important. Hein les coupains ?

 

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