C’est en tout début d’année que je me suis inscris au Grand Raid des Pyrénées, mais sur le 80jm. Puis, après quelques jours, je me suis dit : « Quitte à le faire, autant faire 120 Km » (pas toujours lucides les coureurs !). A cette époque, ma distance maximum restait celle du Grand Trail des Templiers avec ses 75km. Là, je passais à 120km et 7000m de D+.

 

 

Après avoir fait le Glazig, Guerlédan et d’autres trails plus courts, je me suis lancé dans ma préparation mi-juin (après une coupure après Guerlédan). Un bon weekend de travail au Trail du bout du monde, un weekend de rando-course fin juillet au Mont Dore avec Kathy, tout se déroule comme prévu.

Nous sommes en vacances sur les lieux, une semaine avant la course. C’est impeccable pour cogiter ;-)

La veille de la course, retrait du dossard et briefing. La pression monte.

Après une petite nuit de sommeil je me prépare en essayant de ne pas réveiller tout mon petit monde (j’ai demandé des conseils à Stéphanie…). Je me rends au rendez-vous pour les navettes à 1 km, le ciel est clair, le soleil et la chaleur sont annoncés. Nous montons donc à bord d’une navette, direction la station de Piau Engaly.

Arrivés 45 minutes avant le départ, je me pose dans un coin, discute un peu, puis je pars m’échauffer tranquillement.

 

8H30 c’est parti, les organisateurs ont placé les filles devant, on commence par une descente assez raide puis rapidement on se tape une montée de piste de ski. En marchant je prends mes bâtons car impossible de courir tellement c’est raide. Il fait déjà chaud, cela annonce la couleur. Je suis aux environs la 30ème place et je monte à mon rythme. Puis vient la descente (je replis mes bâtons) très raide pour finir la petite boucle de 8 km. Là je me fais doubler par des mecs qui descendent comme des balles (et pourtant je ne descends pas trop mal), je ne les suis pas car je sens déjà que les descentes vont faire mal (et c’est peu dire).

Au premier ravito, je rempli une flasque et je repars. Ça monte tranquillement au début mais arrive une montée bien raide dans les pierres. En haut vue magnifique, p…. que c’est beau !! J’entame la descente, je m’amuse mais j’essaie de ne pas m’emballer pour préserver mes jambes. Sur la fin de la descente je commence à souffrir (déjà!) au niveau musculaire et j’arrive au ravito du km25 à Gèdre.

Je me ravitaille tranquille, mais j’ai du mal à faire des longues pauses, je sais c’est pas bien ! Je repars et, encore une fois, ça monte dur donc je déplie mes bâtons. Je monte toujours à mon rythme. Et plus je monte, mieux ça va et j'arrive à doubler plusieurs gars, ce sera mon plus grand moment de plaisir de ce Tour des Cirques.

Dès que je vois un point d’eau je rempli ma casquette d’eau pour me rafraîchir car ça cogne dur. Peu avant le sommet un mec m’annonce « 7ème ». J’hallucine il doit se tromper. Je fais la descente tranquille et seulement un mec me doublera.

Je continue à descendre vers le cirque de Gavarnie, j'y suis venu en famille l’an dernier et j’ai trop hâte d’y arriver. La fin de la descente est superbe, je pointe alors en 8è position. Il me faut désormais descendre vers le village de Gavarnie et là ….. plus je m’approche du village, plus il s’éloigne ! J'arrive au ravito, km48, j’ai mal au bide. J’essaie de manger un peu mais rien, n'y fait, ça ne passe pas trop. Même difficulté avec la boisson.

Je repars après avoir fait le plein de liquide mais le rythme est tranquille car j’ai du mal à courir. Je fais 3-4 km puis je commence à me faire doubler car je n’avance plus à rien. je suis même obligé de m’arrêter plusieurs fois dans la montée car j’ai vraiment mal au ventre. Je n’arrive plus à m’alimenter et je pense que j’ai un gros coup de chaud. Ajouté à celà, mon moral baisse car je me fait doubler sans arrêt. Puis, après cette montée interminable, arrive la descente où je galère musculairement mais je m'accroche pour arriver au ravito, tout en bas. Arrivé au ravito je me pose comme un sac sur un banc, je prends de la soupe, je ravitaille, je mange. C’est dur, ça passe mal mais je sais que je n'ai pas le choix : si je veux finir, il faut que je me force.

Après 10 minutes de pause, je repars direction la base de vie de Luz St Sauveur. Je suis désormais 28ème. La nuit tombe et j’allume ma frontale. D'habitude, j’adore courir de nuit sauf que là je souffre dans les descentes (orteils et muscles). Ce n’est plus le même effort mais niveau mental je suis imprenable.

je lutte et j'arrive enfin à la base de vie au km75. ici, tous les concurrents ont une assistance. Moi, je suis le seul gugusse à me lever pour me servir à manger, remplir mon sac. Je préfère savoir Kathy et les filles au camping plutôt que dans les montagnes, traileur autonome ou pas ;-) !

Je n’ose pas enlever mes chaussures (grave erreur !) et j’essaie d’aller dormir en mettant mon réveil pour 30 minutes. Mais comme je n’arrive pas à faire de pause (déjà dit plus haut) je me lève au bout de 10’ et je repars, seul dans la nuit.

Ca grimpe mais j’aime ça, je ne supporte plus les descentes, trop mal. Je fais une bonne partie de la montée seul puis un concurrent me rattrape. Il fait désormais moins chaud et ça va mieux, je sens d'ailleurs que ça revient. On va faire une belle et longue montée ensemble, à un très bon rythme. j'avoue, j'aurais tout de même du mal à l’attendre aux 2 ravitos, pas de patience le Bif'.

Puis vient la descente, et là le supplice recommence. Je ne peux pas mettre un pied devant l’autre sans hurler de douleur (pieds et muscles). J’essaie de penser à autre chose mais rien n'y fait. Mon compagnon, mieux que moi, s’en va …

La moindre pierre que je tape avec le pied me fait hurler (et aussi jurer…!). Puis j’arrive tant bien que mal au dernier ravito. Un bénévole m'annonce que je vais désormais croiser ceux du 80km.  Je m’attarde 5 minutes (seulement !) et je repars. La montée suivante n’est pas longue, je m'accroche et me voilà en haut. Plus qu’a descendre sur 8km maintenant. … MON C.. !!! Je me force à me dire que je n’ai pas mal, que c’est dans la tête mais rien n’y fait. J'ai tellement mal que je suis obligé de descendre … en marche arrière ! Pour l'image, c'est comme si je montais mais je descends, en arrière. Et en effet je croise ceux du 80 km (qui me prennent sûrement pour un fou). Un peu plus bas, je retrouve une partie plus plate et je me mets à courir comme un débile pour ne pas trop perdre de temps et essayer de rattraper un peu le retard.

Il commence à faire jour et j’arrive sur la fin du peloton des 80 km et là un mec me dit « Tu t’es trompé, il fallait prendre à gauche au milieu de la descente. Merde ! Je trouvais ça limite aussi de croiser autant de coureurs. Forcément, je prends là un gros coup au moral. Tout ça pour ça !? Je lui demande s’il faut que je fasse demi-tour et il me répond que non. Je devrais voir un panneau plus loin indiquant « Vielle-Aure ». Alors, je continue ma descente avec le moral (et les ampoules) dans les chaussettes. C’était sympa de croiser tous ceux du 80km (et Jérôme du camping), mais là je me retrouve à nouveau tout seul….avec ma marche arrière.

Oh le panneau « Vielle-Aure » !

Je reprends goût à la vie, j’entame une descente de cailloux puis j’arrive sur le plat, il me reste désomais 1,5 km pour finir. Je cours à 13km/h, je veux la voir cette ligne ! Plus de descente donc c’est bon

Et là je vois Kathy, Marthe et Betty qui se sont levées tôt pour m’accueillir. Je passe alors la ligne avec elles et je suis aux anges. me voilà 19ème ! (23h38, 12ème SEH)

P….. ! Finisher en moins de 24h et je viens de faire 117km, c’était génial…

Je suis sur un nuage et Marthe me sort « Papa c’est bon tu as finis 120km, tu peux faire le 160km l’an prochain ». Heu ... on va voir ça plus tard ma puce.

Je vais me laver, me faire soigner les pieds par le podologue (elle me confirmera d'ailleurs que j’aurai dû le faire bien avant) puis je rentre au camping en marchant comme je peux.

Il est 10h30 du matin et je suis déboussolé, mais tellement heureux. Je savoure une bière en me remémorant tous ses bons souvenirs. Qu’elle était belle cette journée … !!!

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